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L’APE à 450 Milliards FCFA, un triomphe citoyen face aux tempêtes du FMI et de Moody’s

Dans un contexte où les vents contraires de la finance internationale soufflent fort, le Sénégal vient de frapper un grand coup. Moody’s abaisse la note souveraine, le FMI bloque ses chèques : qu’à cela ne tienne. Le pays rafle plus de 450 milliards FCFA via son troisième Appel Public à l’Épargne (APE) de 2025, pulvérisant l’objectif de 300 milliards. Une mobilisation qui sent la revanche populaire, avec la diaspora et les investisseurs locaux en première ligne. Est-ce le début d’une ère où Dakar dicte ses règles, ou un pansement sur une dette qui gronde ?

Le feu des faits : dégradation, blocage et un APE éclatant

Rappelons le décor tendu. Fin mars 2025, une mission FMI confirme une « dette cachée » héritée de l’ère précédente  environ 7 milliards de dollars dissimulés, gonflant le déficit à plus de 10 % du PIB au lieu des 5 % annoncés. Résultat : gel d’un programme d’aide de 1,8 milliard de dollars (1 093 milliards FCFA), avec 338 milliards reportés à plus tard. Moody’s suit le mouvement le 10 octobre, reléguant la note à Caa1 avec perspective négative, invoquant un risque de restructuration et un « soutien FMI tardif ». Standard & Poor’s avait déjà sonné l’alarme plus tôt, passant à B avec vue sombre.

Face à cela, le gouvernement Sonko-Faye ne plie pas. L’APE 3, lancé le 18 septembre et clos le 10 octobre, cible initialement 300 milliards pour financer la Loi de Finances Rectificative et l’Agenda Sénégal 2050 infrastructures, agro durable, numérisation. Taux attractifs : 6,4 % à 6,95 % sur 3 à 10 ans, remboursement semi-annuel. Boom : 450 milliards levés sur le marché régional de l’UEMOA, taux de souscription à 150 %. Impaxis Securities et Société Générale aux manettes, avec une diaspora de 45 pays en fer de lance. Le Trésor public jubile : « Confiance restaurée, souveraineté affirmée. »

Mobilisation citoyenne : quand le peuple prend le relais des géants

Creusons l’essence de ce succès. Ce n’est pas qu’un chiffre froid : c’est une marée montante de confiance domestique. Les investisseurs locaux et régionaux couvrent 70 % des souscriptions, la diaspora le reste un « bond » qui transforme l’exil en levier économique. Sur les réseaux, l’enthousiasme fuse : un post viral de @stories_lo8 célèbre « la confiance des investisseurs qui renforce la souveraineté financière », partagé en milliers de vues, avec des commentaires comme « Enfin, on avance sans mendier ! #APE3 ». Des fils sur X taguent #FinancementSouverain, où des Sénégalais de Paris à New York clament : « Nos sous, notre futur. » Cette vague citoyenne compense le gel FMI, finançant salaires et projets sans austérité imposée.

Critiquement, c’est un pied de nez structuré. Le gouvernement dénonce les « hypothèses biaisées » de Moody’s dans un communiqué du 11 octobre, soulignant une croissance prévue à 9,3 % en 2025 par le FMI lui-même champion africain grâce au pétrole de Sangomar (27,7 milliards FCFA attendus). Pas d’eurobonds massifs, mais un recours malin au régional, évitant les pièges des créanciers privés.

Une victoire symbolique, mais un défi à pérenniser

J’y vois un tournant salutaire, mais gardons les pieds sur terre. Cette mobilisation prouve que la souveraineté n’est pas un slogan : c’est du concret, porté par une jeunesse et une diaspora lasse des tutelles. Perso, je salue cette résilience – elle échoe à l’audace de Ndiaye contre le FMI. Pourtant, questionnons : avec 40 % de dette en devises et des besoins à 4 573 milliards annuels, l’APE n’est qu’un jalon. Sans réformes internes (recettes à 20 % du PIB d’ici 2027), le risque de décrochage plane. Ma position ? Capitaliser : étendre ces « bonds diaspora » en outil récurrent, couplé à des partenariats sud-sud. Et si on mesurait le vrai succès non en milliards levés, mais en emplois créés ?

L’Afrique qui s’endette à sa manière

Ce cas sénégalais n’est pas isolé ; il vibre d’un continent en mutation. Au Kenya, Ruto défie le FMI sur des taxes, optant pour des eurobonds locaux. L’Éthiopie mutualise via l’UA pour contourner Washington. Globalement, les BRICS+ (avec Égypte et Éthiopie) challengent le dollar, et l’OCDE alerte sur les coûts de la discrimination financière 1 % du PIB perdu en talents gaspillés. Le Sénégal pourrait inspirer : un « FMI africain » piloté par Abidjan ? Aligné sur les ODD pour une finance inclusive, cet APE montre la voie : moins de mendicité, plus de maîtrise collective.

Au-delà des chiffres froids de l’APE, ce succès est un pouls : celui d’un peuple qui refuse les chaînes. Moody’s et FMI temporisent ? Le Sénégal accélère, porté par ses fils et filles épargnés à l’étranger. Demain, ces 450 milliards ne seront pas qu’un matelas ; ils seront le socle d’une économie qui appartient aux Sénégalais. Le message est clair : on avance, avec ou sans vous. Et ça, ça change tout.

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