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Navétanes au Sénégal: Quand les banderoles sexistes brisent l’ésprit d’équipe

Un terrain de foot, des cris de joie, et soudain, une ombre plane : des banderoles qui transforment la passion en provocation. Dans les championnats amateurs sénégalais, un incident récent à Pikine ravive un débat brûlant sur le machisme rampant. Si les instances avaient agi plus tôt, aurait-on évité cette escalade ?

Une chaîne d’incidents qui interpelle

Tout commence, selon des observateurs, avec l’ASC Disso de Guédiawaye lors d’un match en début de saison 2025. Une banderole aux dessins suggestifs et messages moqueurs envers les femmes est déployée, sans réaction des officiels. Le silence des autorités ODCAV en tête crée un précédent. Résultat : l’effet domino s’enclenche. Hier à Pikine, l’ASC Dagoudane réplique avec une toile similaire, pleine de caricatures humiliantes, lors de la finale départementale. Le match se poursuit, ignorant l’outrage, et les images enflamment les réseaux sociaux. Des sites comme Wiwsport couvrent l’affaire, soulignant cette imitation sans frein.

Les navétanes, ces tournois estivaux de juillet à octobre, mobilisent des milliers de jeunes dans les quartiers. Conçus pour fomentar la cohésion, ils deviennent parfois des vecteurs de tensions. Ici, l’absence de sanctions initiales transforme une « blague » en norme acceptée, exposant un sexisme latent. Des statistiques locales rappellent que 40 % des femmes sénégalaises font face à du harcèlement quotidien, et le sport n’échappe pas à cette réalité.

Le silence institutionnel comme catalyseur

Critiquons le mécanisme : sans punition pour Disso, Dagoudane et potentiellement d’autres clubs se sentent autorisés. Sur les RS, les internautes dénoncent cette banalisation, avec des posts viraux appelant à l’action. L’ODCAV, chargée de promouvoir le sport amateur, manque à son devoir de vigilance. Ce n’est pas isolé ; les navétanes ont vu des dérives passées, comme des violences en tribunes, sans réformes profondes. Tolérer ces banderoles, c’est perpétuer une violence symbolique qui exclut les femmes, contredisant les efforts pour un sport inclusif prônés par des figures comme Absa Faye.

Des leçons pour une prévention efficace

Je le dis franchement : sanctionner Disso dès le départ aurait cassé cette spirale. C’est une question de prévention, pas de répression aveugle. Ma proposition ? Des protocoles clairs : inspections pré-match des banderoles, ateliers obligatoires sur l’égalité genre pour les clubs, et une hotline pour signaler les abus. Sans cela, on risque de perdre l’essence éducative des navétanes. Interrogeons-nous : comment impliquer les jeunes supporters pour qu’ils deviennent gardiens du respect, plutôt que complices d’humiliations ?

À Guédiawaye et Pikine, ces banderoles ne sont pas de simples tissus ; elles sont des alertes. En tirant des leçons constructives – sanctions rapides, éducation proactive –, le football sénégalais peut rebondir plus fort, unifiant plutôt que divisant. Le ballon est dans le camp des instances : agissez, ou regardez le jeu se corrompre.

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