Et si le Nil, berceau de civilisations millénaires, devenait le fleuve nourricier d’un football féminin africain en pleine effervescence ? La Confédération Africaine de Football (CAF) vient de trancher : l’Égypte accueillera la Ligue des Champions Féminine 2025, du 8 au 21 novembre. Un choix qui propulse ce pays, déjà géant du ballon rond masculin, au cœur d’une discipline encore balbutiante. Mais derrière l’annonce triomphale, se profile-t-elle vraiment comme un tremplin pour l’égalité des genres sur les terrains du continent, ou un simple coup de projecteur éphémère ?
Un choix stratégique au cœur du renouveau féminin
La décision de la CAF, officialisée vendredi 24 octobre au Caire, n’est pas anodine. 8 Huit nations africaines enverront leurs championnes nationales pour disputer cette phase finale centralisée, un format inauguré en 2022 au Maroc et poursuivi en Côte d’Ivoire l’an dernier, puis en Afrique du Sud cette année. Parmi les qualifiées déjà connues : le FC Masar, club égyptien qui portera fièrement le flambeau hôte, le TP Mazembe de la RD Congo, tenant du titre, et l’ASEC Mimosas ivoirien, prêt à défier les cadors. 12 Le tirage au sort, prévu lundi 27 octobre dans la capitale égyptienne, promet des duels enflammés dans des stades pharaoniques comme ceux du Caire.
Ce format à huit équipes, concentré en un lieu unique, vise à booster la visibilité et la compétitivité du foot féminin, souvent relégué à l’ombre de ses homologues masculins. L’Égypte, avec ses infrastructures rodées – pensez aux stades flambant neufs de la CAN 2025 – offre un cadre idéal. Pourtant, un bémol critique s’impose : si le pays excelle en organisation logistique, son championnat féminin reste embryonnaire, avec des disparités criantes en termes de salaires et de formation. La CAF mise-t-elle vraiment sur un hôte pionnier, ou sur un partenaire fiable pour un événement sans accroc ?
Un legs à consolider : entre ambitions et réalités du terrain
Face à cette nouvelle, on ne peut s’empêcher de questionner : l’Égypte saura-t-elle transformer cette opportunité en catalyseur durable ? De mon point de vue, c’est un pari osé mais nécessaire. Le foot féminin africain, dopé par des icônes comme Asisat Oshoala ou les Lionnes indomptables, souffre encore d’un sous-investissement chronique moins de 1 % des budgets CAF alloués aux dames, selon des estimations récentes. Choisir l’Égypte, nation hégémonique avec 7 CAN à son actif, envoie un signal fort : intégrer le féminin au cœur de l’élite continentale. Mais si le tournoi se limite à un feu d’artifice spectaculaire, sans échos en clubs locaux ou en développement de masse, il risque de creuser les inégalités plutôt que de les combler. Personnellement, j’y vois un appel à l’action : que cette Ligue devienne le laboratoire d’une équité réelle, où les talents égyptiens, souvent cantonnés aux rôles de figuration, accèdent enfin à la lumière.
Horizons élargis : l’Afrique face au monde du foot féminin
Cette désignation égyptienne s’inscrit dans une danse continentale plus vaste, où les pays hôtes alternent pour démocratiser l’événement Maroc 2022, Côte d’Ivoire 2023, Afrique du Sud 2024, et voilà l’Égypte pour clore le cycle nord-africain. À l’échelle globale, elle évoque les Championnats d’Europe féminins de l’UEFA, centralisés en Suisse cette année pour maximiser l’impact médiatique. Mais là où l’Europe injecte des millions en marketing et en droits TV, l’Afrique patine encore, avec des diffusions sporadiques et un sponsoring timide. Des initiatives comme la Women’s Africa Cup of Nations, boostée par la FIFA, montrent la voie : et si l’Égypte, hub touristique et économique, attirait des diffuseurs internationaux pour cette Ligue ? Des parallèles avec l’Asie, où la Chine a propulsé son foot féminin via des événements massifs, pourraient inspirer un modèle hybride – tradition et modernité, Nil et numérique.
Des échos du Nil qui résonnent loin
L’Égypte hôte en 2025, c’est plus qu’un tournoi : c’est un murmure du continent qui se lève, invitant les footballeuses africaines à conquérir non seulement des trophées, mais des droits. Que le Caire devienne ce soir le prologue d’une ère où le ballon rond féminin n’est plus une exception, mais la norme – un Nil gonflé d’ambitions, irriguant enfin tous les terrains d’Afrique.

